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Recherche en co-création

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Le projet de recherche Mutualisons est une recherche en co-création. Derrière cette notion de « recherche en co-création », il y a l’idée de faire de la recherche selon des modalités et des postures différentes de la recherche « classique ». En effet, dans le cadre d’une recherche en co-création, il est visé de croiser les expertises et les savoirs des différents co-chercheurs impliqués, qui peuvent être à la fois des chercheurs « de métier » ou bien des chercheurs davantage ancrés dans le terrain, au sein d’organisations diverses de la société. En outre, le cadre général de la recherche en co-création s’inspire de la recherche-action (participative), qui vise à co-construire des connaissances contextualisées via l’expérimentation et la résolution des problèmes concrets, vécus par les participants à la recherche. Les connaissances sont construites via l’expérimentation de ces solutions co-construites.

Dans le cadre de Mutualisons, la recherche en co-création se concrétise à deux niveaux-espaces. Tout d’abord, nous co-créons des dispositifs et des connaissances au niveau du consortium de recherche, c’est-à-dire entre les quatre partenaires financés de la recherche. Ensuite, nous expérimentons des mutualisations de ressources qui permettent à un public plus large de participer au dispositif de recherche et à la co-construction de connaissances liées à notre problématique : ce sont les Livings Labs. A chaque niveau de co-création ses dispositifs et techniques appropriés. Des espaces de co-création « ponctuels » sont également mobilisés, par exemple pour traiter de questions transversales aux mutuelles, le plus souvent des questions méta ou plus théorique qui viennent soutenir les expérimentations (c’est par exemple le cas du comité de pilotage du projet).

 

Dans le cadre de la recherche et de la convention qui nous lient au bailleur de fonds, nous sommes également tenus de compiler et valoriser les résultats des activités de recherche que nous menons tout au long du projet. Dans les lignes qui suivent, vous aurez un aperçu de ces résultats ainsi que la possibilité de télécharger nos documents synthétiques et de travail, qui présentent ces différents résultats intermédiaires.

 

Apprentissages généraux

Activité de « Revue de littérature » - 2018 et veille continue

Les activités de « revue de littérature » ont permis de mobiliser l’expertise du partenaire « académique » IGEAT. L’objectif était de participer, avec ce background plus théorique, au cadrage conceptuel de la problématique du projet de recherche et à l’insertion des hypothèses de recherche au sein de cette littérature. Ce cadrage théorique est une pièce de l’état de l’art que nous co-créons ensemble. Dans le courant de l’année 2018, deux documents ont été produits en s’appuyant sur cette revue de littérature.

#1 Revue de littérature

- Octobre 2018

Résumé

La thématique du changement d’échelle des alternatives/initiatives citoyennes bruxelloises amène deux questions théoriques et pratiques :

  • Comment définir une alternative citoyenne ?
  • Comment définir le changement d’échelle ?

La définition d’une alternative citoyenne, dans le cadre du projet, renvoie à l’axe de travail sur l’identité de ces alternatives et le partage d’une identité commune. Dans ce document focalisé sur la littérature scientifique, cette première question sera abordée via les différentes définitions proposées par les différents courants d’analyse, notamment lorsqu’il est question de définir les contours de leurs objets de recherche. Ainsi, plusieurs termes seront explorés, en insistant sur leur capacité à définir les contours d’une alternative. Une forme de « glossaire » pourra être construite.

Concernant la seconde question, il s‘agit d’explorer les différentes façons possibles pour les alternatives d’augmenter leur impact. Plus précisément, il s’agit d’abord d’interroger la notion de « changement d’échelle ». Nous l’envisagerons à partir des différents courants d’analyse des transitions écologiques notamment, qui ont produit un panel de concepts et de notions pour modéliser le « changement d’échelle », mais également à partir d’autre champs de recherche, tels que l’économie sociale. A nouveau, nous proposons de construire une sorte de « dictionnaire » de la mise à l’échelle. En effet, dans la littérature, plusieurs termes sont utilisés en référence à l’idée du changement d’échelle.

La constitution d’un glossaire, plutôt que d’une revue de littérature construite de façon classique, parait adaptée au contexte d’un projet de recherche-action participative au sein duquel le chercheur occupe un rôle d’accompagnateur et de traducteur entre les savoirs scientifiques et les savoirs de terrain. L’intention est donc de proposer une sorte de « lexique » qui pourra permettre au collectif de co-chercheurs de choisir les concepts et les définitions qui sont les plus à même d’être pertinents dans le cadre du projet. La question sous-jacente à cet exercice est la suivante : quels concepts ou outils d’analyse peuvent nous aider à justifier, construire et piloter la construction de nos mutualisations ?

A ce stade, le glossaire est construit selon plusieurs « catégories » de termes : « concepts clés », « qu’est-ce qu’une alternative ? », « qu’est-ce que la mise à l’échelle ? » et « qu’est-ce que la mutualisation de ressources ? »

* Version intermédiaire ayant permis la rédaction des premiers cahiers de synthèse du projet.

Au sommaire de cette première revue de littérature:

  • Les transitions sociotechniques (Sustainbility Transitions Studies)
  • Innovation sociale
  • L’économie sociale et solidaire
  • Qu’est-ce que la « mutualisation de ressources » ?
  • Bibliographie

#2 La mutualisation comme trajectoire de mise à l’échelle des alternatives bruxelloises : définitions, potentiels, risques et enjeux

- octobre 2018

Résumé

La théorie nous montre qu’il existe une multitude de processus stratégiques pour que des alternatives changent d’échelle. En octobre 2018, nous avions retenu cinq d’entre eux qui nous paraissent les plus probables concernant les alternatives bruxelloises : la protection ; la fertilisation ; les apprentissages ; l’élargissement et ; la coopération.

Selon nos explorations, nous postulons à partir de cette étude exploratoire, que la coopération formelle (mutualisation de ressources ou utilisation d’outils vecteurs de coopération) peut être un support englobant pour les autres processus. Travailler ensemble à construire une autre ville, plutôt que séparément nous parait être une piste répondant aux besoins du terrain (voir Cahier de synthèse 2). Les éléments relevés dans ce cahier de synthèse nous poussent à penser que coopérer amène à plus d’avantages et d’opportunités que de risques et d’écueils même si ces derniers existent bien. Le contexte bruxellois des alternatives contient quelques exemples réussis de mutualisation notamment sur le partage d’un lieu et de communs.

C’est pourquoi, pour commencer ce travail commun, entre alternatives, à l’échelle régionale bruxelloise, nous proposons de commencer par des expérimentations concrètes, qui permettraient de générer des pratiques de coopération formelles plus répandues au sein de l’écosystème, et par là des apprentissages au travail commun, permettant au mouvement de se renforcer. Ces apprentissages peuvent se situer aux différents niveaux de la coopération : l’intra-coopération, l’inter-coopération et l’extra-coopération.

Dans les plans d’action des mutualisations, il sera intéressant de réaliser une analyse des forces, faiblesses, opportunités et risques pour chaque thématique.

Sommaire

  • Méthodologie
  • La mise à l’échelle
  • Mutualisation et coopération
  • Conclusion
  • Références

Activité de « diagnostic co-créé »

En première année de projet, nous avons posé un diagnostic, co-créé avec les alternatives de terrain, visant à identifier les ressources qui pourraient être mutualisées pour augmenter leur impact et la façon de pouvoir les mutualiser. Ce diagnostic a été compilé et rendu public dans le document suivant.

#3 Le manque de ressources des alternatives de transition bruxelloises : objectivation et analyse à partir des besoins des acteurs de ces alternatives

- octobre 2018

Résumé

Cette recherche sur les besoins et ressources des alternatives en région Bruxelles Capitale permet d’objectiver l’existence de besoins similaires entre elles concernant notamment :

  • un espace ;
  • des compétences et forces vives pour des métiers transversaux (communication, soutien administratif) ;
  • un plus grand partage d’information, de mises en réseau et de canaux de diffusion de l’information.

Les ressources citées peuvent être classées en trois catégories :

  • ressources matérielles (lieu, véhicule, outils) ;
  • ressources liées aux activités centrales de l’alternative (compétences spécifiques) ;
  • ressources transversales développées par expérience par ces alternatives (compétences administratives, en communication).

Par ailleurs, en regardant de plus près les ressources déjà en possession des initiatives, nous remarquons que nombre d’entre elles ont des ressources qui permettent de répondre aux besoins d’autres (lieux, compétences transversales, etc.).

Néanmoins, ces ressources existantes ne rencontrent pas suffisamment les besoins exprimés, malgré de nombreuses initiatives de terrain qui naissent pour aller dans ce sens.

Les alternatives présentes aux ateliers mentionnent un manque de cadre et d’outils permettant une telle mutualisation des ressources existantes. Un autre élément est le manque de vision commune qui faciliterait également un tel cadre commun.

Forts de cette analyse, les partenaires du projet Mutualisons ! Samen Bouwen souhaitaient explorer et co-créer avec les alternatives bruxelloises diverses expériences de mutualisation concrètes répondant aux besoins exprimés lors de notre analyse :

  • la création d’un lieu commun aux alternatives bruxelloises ;
  • un travail sur la mise en commun de l’information et des canaux de diffusion ;
  • une réflexion sur la mise en commun de forces vives avec des compétences transversales du type groupement d’employeur ou plateforme de partage de compétences bénévoles ;
  • la création d’un système d’échanges entre alternatives inspiré des systèmes d’échanges locaux.

Pour le moment, seules les deux premières expériences sont en cours d’expérimentation. La troisième ne sera sans doute pas concrétisée, et la quatrième n’a pas été validée par financeur pour être expérimentée dans le cadre de ce projet de recherche.

Sommaire

  • Introduction
  • Méthodologie suivie
  • Résultats
  • Analyse - conclusion
  • Pistes d’évolution
  • Compléments au cahier de synthèse

Activité de co-construction des mutualisations

Depuis fin 2018, nous sommes entrés dans l’expérimentation des mutualisations concrètes. Nous sommes en phase de co-construction et de co-design de ces mutualisations, ainsi que des dispositifs précis qui permettront d’’évaluer leurs effet sur la consolidation et la mise à l’échelle des mutualisant. A l’été 209, nous avons entamé la compilation des enseignements et apprentissages que nous tirons de ces processus d’expérimentation. La focale est pour le moment portée sur la complexité de la notion d’impact social (à la base de l’idée de changement d’échelle) et la nécessité d’avoir cette notion en tête lorsqu’on s’engage dans un processus de mutualisation de ressources visant l’augmentation d’impact.

#4 Quelles connaissances peuvent être tirées en lien avec le processus de co-construction des mutualisations : quelles difficultés, enjeux, questionnements, points d’attention sont à mettre en évidence ? Comment co-construire des mutualisations qui répondent à leurs objectifs d’augmentation d’impact ?

- juillet 2019

Résumé

Comme décrit dans le Cahier de synthèse 3, le processus de co-construction de mutualisation de ressources est un processus itératif qui demande une grande flexibilité en termes de planification, mais aussi une capacité à se remettre en question. En effet, tous les processus que nous avons enclenchés se sont transformés au rythme des interactions entre les co-chercheurs-mutualisant impliqués. Nous avons dû varier les méthodes et les techniques afin de tenir compte des intérêts et intentions des différents publics. Alors que nous comptions délivrer un cahier clôturé, il nous parait plus opportun de continuer à l’alimenter au fil de nos expérimentations jusqu’en fin de projet. Le récit de nos expériences pourra permettre à d’autres de mettre en place des processus similaires, en les adaptant à leurs contextes.

Sommaire

  • Introduction
  • Vue d’ensemble
  • Cycle 1 - Diagnostiquer les besoins
  • Cycle 2 - Identifier et impliquer les publics
  • Cycle 3 - Définir les finalités: la question de l’impact social
  • Cycle 4 - Configurer les outils, «vecteurs de la mise àl’échelle»
  • Cycle cœur - Choisir et adapter les méthodes

#5 Formalisation des principaux résultats de la recherche « trajectoires de coopération »

- mars 2020

Résumé

Malheureusement, nous n'ayons pu, comme cela était planifié, prendre acte des constats et des analyses réalisées pour continuer à expérimenter l’accompagnement de l’émergence des communs en construction. Il est donc difficile de donner une valeur générique ou généralisable à nos constats-résultats.

Une question centrale qui affleure au terme de l’analyse est : Cette analyse démontre-t-elle que les conditions ne sont pas réunies pour mettre en place des coopérations au sein de l’écosystème des alternatives ou bien confirme-t-elle simplement que le processus d’émergence prend du temps et que la situation est avant tout prématurée ? Quelles sont, parmi ces conditions, les conditions nécessaires et/ou les conditions suffisantes ? Et, au-delà des conditions d’émergence des communs, quand et dans quelles conditions un contexte est-il mature pour opérer un changement d’échelle par la coopération ?

Notre hypothèse de départ consistait à considérer comme nécessaire et innovante la coopération et la mutualisation de ressources entre acteurs de secteurs différents, par exemple. L’analyse que nous venons de réaliser montre que c’est précisément cela qui a constitué un frein majeur aux différentes coopérations envisagées. On observe cependant, via nos états de l’art co-créés, que dans certains cas, des différences sur le quoi ou sur le comment ne sont pas nécessairement des obstacles, pour autant que le public soit « commun ».

Au final, si l’on devait, avec des termes empruntés aux Communs, décrire les tentatives de création de communs que nous avons menées, nous pourrions affirmer que le rôle essentiel que nous avons joué est d’avoir ouvert des espaces publics de proximité. A la lecture des développements plus théoriques sur les communs, on comprend que ces espaces, ou arènes d’action pour reprendre les termes d’Ostrom, sont essentiels à la fois pour faire émerger les communs, mais aussi pour les faire perdurer dans le temps. Ostrom définit les arènes d’actions comme « des espaces sociaux où des participants dotés de préférences diverses interagissent, échangent des biens et des services, résolvent des problèmes, exercent une domination les uns sur les autres, ou se combattent ». Ces arènes peuvent être formelles ou informelles : un bistrot, les réunions d’une association, les assemblées d’une organisation, etc.

Nos résultats partiels montrent que les questions posées étaient au cœur des réflexions aujourd’hui menées au sein de l’écosystème des alternatives bruxelloises et que cet écosystème prend conscience de sa fragilité - sur certains types de ressources ou dans son ensemble, en tant qu’écosystème inscrit dans le régime dominant. Ces résultats partiels montrent également que les acteurs tendent à expérimenter la construction de solutions pour résoudre cette diversité de fragilités. Reste que ces résultats sont à certains égards moins attendus, notamment sur le positionnement des différents acteurs sur la notion de mise à l’échelle, notamment, ou sur la notion d’impact défini comme un changement social mesurable. On sent que certains acteurs sont réfractaires à ce vocabulaire empreint d’idéologie de croissance quantitative. Mais en même temps, nous observons que pour ces mêmes acteurs, l’évaluation des coûts et des bénéfices président dans certains cas à la décision de coopérer ou non. En outre, certains ont conscience que leur capacité à montrer ou non leur impact conditionne leur prétention à recevoir des financements. Nul doute que ces questionnements continueront à être au cœur des dilemmes à résoudre pour ces acteurs porteurs de résilience pour Bruxelles, mais qui peinent à imposer véritablement leurs alternatives.

Sommaire

  • La co-recherche Mutualisons : de la résilience des « alternatives » à la résilience de la ville
  • Trajectoires de coopération : analyse sous l’angle des « communs »
  • Considérer les coopérations tentées comme des « communs porteurs de transformation sociale » ?
  • Les conditions d’émergence des communs
  • Analyse des expérimentations
  • Quelques conclusions et réflexions

Questions et réflexions autour de notre expérience de recherche en co-création au sein du programme Co-Create Innoviris

- mars 2020

Les objectifs et les intentions de ce document

Ce document contribue à la formalisation des apprentissages issus du projet Mutualisons, mené par un consortium de quatre partenaires (IGEAT-ULB, Financité, Réseau transition, ASBL Dewey), financé dans le cadre du programme Cocreate d’Innoviris (voir encadré) et prématurément clôturé.

Ce projet s’est prématurément clôturé. Ceci non pas au motif que le consortium n’avait pas formulé de question de recherche pertinente et encore moins faute de travail et d’efforts sur le terrain, mais essentiellement en raison d’une non conformité, selon le bailleur, aux critères qui permettent de qualifier une recherche de véritable “recherche en co-création”. L’objectif de ce document n’est pas de contester la décision, ni de fournir une autojustification. L’idée serait plutôt de saisir l’opportunité ouverte par les raisons de cette clôture prématurée pour tenter de mettre en discussion la position de notre bailleur de fonds et de constituer une base de réflexion pour nos collègues co-chercheurs qui, au sein d’autres projets de recherche participative, ou au sein d’organisations partenaires, pratiquent déjà ou pratiqueront ce type recherche. Car si la formulation de grands principes pour caractériser la recherche en co-création ne pose guère de problèmes, leur mise en pratique et plus encore leur évaluation, sous forme par exemple de feux tricolores sur des critères bien définis, pose de réels problèmes. Mieux comprendre ces difficultés permettra, nous l’espérons, de faciliter la vie des co-chercheurs comme celle des financeurs.

Sommaire

  • Introduction
  • Définir la co-recherche?
  • Évaluer (la qualité d’)une co-recherche
  • La grille Innoviris
  • Retour sur nos expériences d’évaluation
  • Que conclure ?
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